presse.
Créé par vertleburkina le 03 fév 2008 à 19:59 | Dans :
Environ 25 000 personnes, principalement des
enfants, meurent chaque jour par manque de
nourriture, ou à cause de maladies liées à la
malnutrition, selon la Food and Agricultural
Organization (FAO).
On estime que le tiers des enfants
africains souffrent de malnutrition. Les pays les
plus touchés – où plus de 35 % des moins de 5 ans
ont un retard de croissance, selon l’Unicef – sont le
Burkina Faso, le Burundi, la République
démocratique du Congo, l’Erythrée, l’Ethiopie, la
Guinée équatoriale, Madagascar, le Mali, le Niger, le
Nigeria, la République centrafricaine, la Tanzanie et
la Zambie.
Près de 72 % des terres cultivablers de
l’Afrique subsaharienne et 31 % de ses
pâturages sont dégradés, entraînant, selon des
études des Nations unies, des pertes énormes de
production.
Le continent africain comptait 906 millions
d’habitants en 2005. Cette population dépassera 1,3
milliard en 2025, d’après les estimations du
Population Reference Bureau.
SUR INTERNET
WWW.FAO.ORG
(site de l’organisation des Nations unies)
WWW.ANTENNA.CH
(association suisse à but non lucratif faisant la
promotion de la culture locale de spiruline)
WWW.SPIRUNET.ORG
(blog sur la spiruline)
[-] fermer
Sciences
Lundi 13 mars 2006
L’Afrique mise sur l’algue verte pour mieux se nourrir
LE MONDE | 05.03.06 | 14h49 • Mis à jour le 05.03.06 | 14h49
ous le soleil matinal, l’eau couleur olive scintille dans le grand bassin. Depuis une heure, Fati et Na
sont tout à leur récolte. Litre après litre, elles versent l’eau sur un linge blanc, filtre improvisé dans
lequel s’amasse une pâte verte spongieuse : de la spiruline, une algue microscopique qui vit au fond des
lacs mais peut être cultivée dans des fermes telles que celle-ci, située à Ouahigouya, dans le nord du
Burkina Faso.
Baptisée cyanobactérie Arthrospira platensis par les
scientifiques, cette algue pourrait bien, dans les
prochaines décennies, transformer le quotidien de
certaines populations malnutries de la planète. Et
pour cause. Riche en vitamines (A, B12, E) et en
minéraux (fer, calcium, magnésium), elle présente
une impressionnante teneur en protéines : de 50 % à
70 % de sa matière sèche, presque deux fois plus que
le soja. A tel point que l’Agence spatiale européenne
compte l’utiliser dans ses longues missions de trois
cents ou quatre cents jours, « comme le retour sur la
Lune en 2018 ou les vols sur Mars en 2035« , explique
Christophe Lasseur, chef du projet spatial Melissa.
« Se cultivant facilement, la spiruline est directement
comestible et pourra être produite sur la Lune ou
Mars. C’est sur elle que reposera en partie la survie
de l’équipage. »
A partir du 4 mars, cette algue est l’objet d’un
premier colloque panafricain réunissant à Agharous
(Niger) « algoculteurs », médecins et chercheurs d’une
dizaine de pays. L’enjeu est d’autant plus important
que, selon un récent rapport de l’Association
américaine pour l’avancement de la science, sans
nouveaux investissements, notamment agricoles, « le
monde comptera 100 millions de personnes
sous-alimentées supplémentaires en 2015″.
En Afrique, en tout cas, associations et
gouvernements n’hésitent plus à miser sur cette
culture simple et bon marché, accessible aux petites
exploitations, qui demande 4 fois moins d’eau et 20
fois moins d’espace que le soja pour un rendement en
protéines équivalent. Des fermes expérimentales se
sont développées au Mali, au Bénin, au Niger. La
récolte se fait tous les trois jours : filtrée et essorée,
l’algue, déjà prisée par les Aztèques et les populations du lac Tchad depuis des centaines d’années, est
ensuite séchée et réduite en poudre.
Au Burkina Faso, après le lancement de dix fermes pilotes, le gouvernement s’est engagé dans un vaste
projet de 3 600 m2 de culture, qui sera finalisé en 2010. Si les études futures se révèlent concluantes, le
ministère de la santé pourrait élever la spiruline au rang de médicament.
Au Sénégal, c’est Viviane Wade, la femme du chef de l’Etat, Abdoulaye Wade, qui mène campagne : fin
2005, son association Education Santé a fait don de 45 tonnes de farine enrichie en spiruline pour
soigner 10 000 enfants nigériens.
Enfin, parce qu’à l’avenir cette expansion pourrait être limitée par la raréfaction de l’eau douce, « le
président de Madagascar, Marc Ravalomanana, un ancien entrepreneur agroalimentaire, soutient un
projet expérimental de culture de spiruline dans l’eau de mer à Tuléar », souligne Nardo Vicente,
responsable scientifique de l’Institut océanographique Paul-Ricard.
Les défenseurs de la spiruline ne sont pas cantonnés en Afrique. « Au Chili, après de longues recherches,
des universitaires de Santiago ont obtenu l’aide gouvernementale et exploitent depuis cinq ans la
spiruline dans les eaux saumâtres du désert de l’Atacama », précise M.Vicente, qui a développé une
station pilote à but pédagogique en Camargue. « La suite du projet va dépendre du financement que
nous accordera l’Institut océanographique. En Europe, il manque encore une volonté politique. »
Néanmoins, le Centre de formation professionnelle et de promotion agricole de Hyères (Var) propose,
depuis la rentrée 2005, des sessions spécifiques qui vont « s’ouvrir à l’international », se réjouit le
responsable, Claude Villard. Déjà, une centaine d’élèves reçoivent chaque année un certificat et partent
enseigner à l’étranger la culture artisanale de la spiruline.
Au Centre de récupération nutritionnelle d’Ouahigouya, au Burkina Faso, Diane, infirmière, constate
jour après jour les effets bénéfiques de l’algue, distribuée gratuitement aux enfants malnutris, qui
« prennent 100 grammes par jour grâce aux 2 petits grammes verts qu’on mélange à leur bouillie de
mil ». Et d’insister sur le potentiel de cet apport. « Connaissez-vous beaucoup de plantes qui renforcent
ainsi des organismes affaiblis ? » Mais pour le docteur Francis Monet, de la délégation burkinabée de
l’Organisation mondiale de la santé, « la spiruline relève de la médecine traditionnelle. Pour être
REUTERS/FINBARR O’REILLY
Un tiers des enfants africains sont malnutris.
reconnue comme médicament, il faudrait qu’elle ait une action spécifique sur une maladie donnée.
Pour l’instant, nous la considérons comme un simple complément nutritionnel ».
Or, même à ce niveau, la spiruline, cultivée majoritairement de façon artisanale, a du mal à s’imposer
face au Plumpy’nut, cette pâte à base d’arachide brevetée et produite en France. « Nous avons là un
concentré technologique qui répond aux besoins de l’enfant malnutri, explique Geza Harczi, deMédecins sans frontières.
Nous ne sommes fermés à aucune option mais, pour le moment, il n’y a pasd’études scientifiques qui prouvent l’efficacité de la spiruline. » Même position de Ludovic Bourbé,
directeur technique d’Action contre la faim, qui ne demande qu’à se laisser convaincre, preuves
scientifiques à l’appui.
Néanmoins, Gilles Raguin, responsable de la lutte contre la malnutrition au Programme alimentaire
mondial (PAM), souligne qu’après plusieurs années de méfiance, « on parle aujourd’hui de la spiruline
de façon plus positive. Si, à court terme, elle n’est pas prête à entrer dans les standards des grandes
organisations internationales, elle a désormais leur bienveillance ».
Une évolution lente qui se nourrit de la multiplication des initiatives de terrain. « Tout cela commence àbouillonner
, note M. Vicente. Des projets concrets se développent dans le Sud au fur et à mesure que les
dirigeants prennent conscience que la spiruline peut permettre à leur pays de sortir du marasme. »
Article paru dans l’édition du 05.03.06
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.